Il n’y a pas si longtemps, Assassin’s Creed était une série de jeux vidéo qui lassait le gamer. En 2015, la sortie de l’épisode Syndicate était en quelque sorte l’épisode de trop, à travers lequel le manque d’efforts et d’innovations d’UbiSoft, en dépit des moyens mis dans le développement de ses titres, était tellement flagrant que les fans rejetèrent en masse ce jeu. Dès lors, l’éditeur/développeur fut bien forcé de mettre la saga en pause, mais pas si longtemps. Habitué à une sortie annuelle, Assassin’s Creed revint en 2017 pour un Origins revenant aux sources sur bien des aspects. Et le succès critique et commercial fut de retour. Dès lors, UbiSoft, au risque de retomber dans ses travers, se retrouve à publier rapidement un épisode destiné aux smartphones (Rebellion, dont le test est disponible sur Gamerlife) avant d’enchaîner avec Odyssey, un épisode se voulant bien plus ambitieux que n’importe quel Assassin’s Creed paru jusqu’alors. Pari réussi ?
Super Alexios Odyssey

Dans Assassin’s Creed Odyssey, vous incarnez au choix Alexios ou Kassandra, mercenaire de profession. Si vous semblez vivre une vie déjà relativement mouvementée, vous ne bougez pas trop de votre petite île de Kephallonia. Mais puisqu’un jeu AAA serait bien embêté à vous promettre des heures et des heures de jeu dans un contexte pareil, votre destin vous amènera rapidement à découvrir un peu plus la région grecque de la période antique. Et force est de constater que le travail de modélisation de cette région méditerranéenne est sublime. Si je suis bien incapable d’affirmer la fidélité des paysages proposés tout en prenant en compte la reconstitution historique des bâtiments et de leur répartition, j’ai pris un plaisir certain à parcourir les contrées grecques et environnantes. Assez étonnamment et malgré le manque de variété visuelle que peut impliquer le cadre géographique, cette sensation de voyager ne s’est pas dissipée au fil des heures.
Embrassant complètement l’aspect jeu de rôles tout en renforçant son statut de jeu d’aventures, Odyssey vous proposera d’enchaîner un nombre ridiculement élevé de quêtes qui s’avèrent malgré tout assez variées, notamment par les petites histoires racontées ça et là. En tant que mercenaire, vous aurez l’opportunité de tuer des méchants-pas-beaux, voler des innocents, venger la veuve et l’orphelin tout en extorquant des bourses plus ou moins remplies de pièces aux personnes vous proposant ces missions. Le jeu vous propose souvent dans ce cadre de jouer les gentils aux grand cœurs et agissant de façon juste, ou au contraire d’endosser à fond le rôle de mercenaire que seul le montant de la récompense pourra intéresser. Toutefois, en dépit de ces nombreuses situations sur le papier délicates, le fait est que les conséquences sur le long terme sont assez limitées, pour ne pas dire nulles dans la plupart des cas.
Mécaniques de RPGSignifie Role Playing Game, ou "jeu de rôles" en français. Vous y incarnez un personnage dont vous définirez progressivement le... obligent, l’ensemble des tâches et actions que vous effectuerez vous rapportera de l’expérience et de la thune. Et comme votre Alexios (ou votre Kassandra) ne peut pas encore pimper sa Golf GT, il se contentera alors de se servir de ces éléments pour améliorer son équipement mais aussi découvrir de nouvelles aptitudes qui vous permettront de vous faciliter la tâche selon 3 axes : Chasseur (plutôt orienté sur l’usage de votre arc), Guerrier (pour améliorer les attaques rapprochées) et enfin Assassin (pour améliorer votre furtivité et vos attaques fourbes et sournoises, parce que oui, vous êtes fourbe et sournois, ne le niez pas).
Un concept qui va Persée

Je le confesse, je suis néophyte en ce qui concerne la série des Assassin’s Creed. J’avais bien tenté de m’immiscer dans cette franchise dès 2008 sur mon PC à l’époque tout beau tout neuf, mais malheureusement pour lui GTA IV était venu me rappeler à l’ordre à l’époque, et je ne l’avais alors pas quitté pendant des mois. Depuis, je n’ai assez étrangement jamais été attiré par les multiples jeux sortis. Comme quoi, ça tient pas à grand chose des fois… Il aura fallu que Assassin’s Creed me la joue danse du ventre avec son aspect RPGSignifie Role Playing Game, ou "jeu de rôles" en français. Vous y incarnez un personnage dont vous définirez progressivement le... renforcé et ses grandes promesses que « juré, on a compris nos erreurs et on recommencera plus jamais, revenez » pour que je tende l’oreille vers la série.
Tout ça pour dire qu’il est possible que des éléments du gameplayCorrespond à la façon dont un jeu se pratique. Ce terme désigne l'ensemble des interactions entre le joueur et son... présents dans Odyssey fassent en fait partie du cœur de la série depuis des lustres et que je m’en émerveille inutilement… Merci de votre indulgence ! Ainsi, Assassin’s Creed est un jeu au terrain vaste, vous l’aurez compris. Il est donc possible de se déplacer en montant un cheval ou en prenant vos plus belles sandalettes de randonnée, histoire de profiter du paysage et accessoirement de vous perdre à tous les coups parce que sur la route de votre objectif se trouvaient des tas d’autres choses à faire et que ce serait quand même dommage de passer à côté parce que bon, quoi, on ne sait pas si on repassera par là, n’est-ce pas ?
Mais au cas où vous souhaitiez résister à la tentation, il est possible de profiter du voyage rapide, celui-ci étant intégré de façon très subtile dans le jeu. Il est ainsi nécessaire de monter au sommet d’un endroit « phare » placé en hauteur d’une région, afin de synchroniser le lieu comme l’évoque le jeu et débloquer alors la possibilité de revenir sur ce lieu par la suite via la carte. Votre personnage sera aussi accompagné d’un aigle qui s’avère ô combien pratique. Vous pourrez de temps à autre prendre le contrôle de ce dernier et vous servir de la vue perçante de ce roi des cieux afin de repérer et marquer des points d’intérêts, qu’il s’agisse de coffres ou d’ennemis par exemple. En ajoutant ça au fait que le jeu vous demande souvent de trouver par vous-même le lieu d’une quête en suivant des indications géographiques (ne vous inquiétez pas, même avec mon sens de l’orientation absolument pas légendaire, on s’y retrouve), Odyssey nous apprend à explorer, observer et bien analyser votre entourage. Alors certes, après quelques dizaines d’heures de jeu, tout cela se fait plus ou moins en mode « pilote automatique », mais le fait est que cet aspect du jeu est franchement intéressant et change des titres aux multiples curseurs vous traçant la route en pointillés.

De quoi voir chez les grecs
Attention tout de même, pondérons la chose… Assassin’s Creed Odyssey peut être aussi très lourd par défaut en terme de HUDHUD est un acronyme pour Head-Up Display ou "Affichage Tête Haute" en français. Il désigne l'ensemble des informations affichées sur... More et l’écran peut vite déborder d’informations si vous ne désactivez pas certaines d’entre elles dans le menu. D’ailleurs, quitte à parler de l’interface, autant aller jusqu’au bout du sujet. Odyssey fait parfois des choix curieux en terme d’ergonomie. Et ça commence dès le menu principal où, manette en main, vous vous retrouvez à diriger un pointeur avec le stick comme s’il n’était conçu que pour une souris à la base. Comme souvent, à force de pratique, on s’y fait. Mais j’aimerais bien voir le compte-rendu de la réunion des gens d’UbiSoft qui se sont dits que tout ça était une bonne idée. D’autant plus que d’autres menus reposent uniquement sur le concept de l’usage des boutons LB/RB et de la croix directionnelle de façon plus classique. C’est à se demander si l’ensemble des écrans ont été conçus par les mêmes équipes !
Quoi qu’il en soit, cet Assassin’s Creed est un très beau jeu sur le plan visuel. La flore est très détaillée, les villes sont incroyablement vivantes – mention spéciale à la diversité et la complexité d’Athènes – et vous aurez l’occasion de passer devant des panoramas qui vaudront le coup que vous vous arrêtiez quelques secondes pour les contempler. Pour ce qui est du doublage, la version française n’a pas grand chose à se reprocher. L’intonation est globalement juste et les voix sont convaincantes. Difficile de leur reprocher, mais au bout du centième PNJPNJ est un acronyme pour Personnage Non Jouable (en anglais NPC pour Non Playable Character). Ce personnage est dirigé par... More rencontré, vous tomberez sur des voix déjà entendues moult fois sur des personnages différents.
Les musiques du jeu, à commencer par le thème principal, sont franchement chouettes et nous situent bien dans le contexte méditerranéen. J’ai juste une impression particulière… Vous savez, lorsque vous gagnez un niveau ou terminez une quête, cette petite musique qui s’enclenche systématiquement ? J’ai à chaque fois l’impression de l’avoir entendue au préalable dans un Witcher… Ce détail sans importance mis de côté, l’environnement sonore est donc, vous l’aurez compris, de qualité.

Assassin’s Creed avait revu sa copie en terme de combats dans l’épisode précédent. Sans parler d’affrontements à la Dark Souls, vous devrez donc désormais verrouiller une cible, lui tourner autour, esquiver les attaques ou les contrer et enclencher les bonnes frappes au bon moment selon le type d’ennemi. En terme de difficulté, si le soldat lambda ne vous posera jamais de problème (à moins que vous ne fonciez dans un fort et que vous vous entourez d’une dizaine d’ennemis, là ça risque d’être compliqué), certains « gros » ennemis vous imposeront de bien temporiser votre attaque sous peine de vous faire manger tout cru. Le jeu vous emmènera souvent au cœur de la mythologie et vous demandera d’affronter le Minotaure ou la Méduse, par exemple, dans des combats aussi épiques que les écrits les narrant ! Pour ma part, je dois bien avouer avoir dû descendre la difficulté d’un cran pour ces combats, car j’étais bien incapable d’être à la hauteur de la tâche.
Une durée de vie qui méduse
Bon alors, il est bien ce jeu, me demanderez-vous sur un ton dévoilant une certaine impatience ? Du calme, les enfants, du calme. Car voyez-vous, si ce test nécessite de parler de beaucoup d’aspects, c’est tout simplement parce Assassin’s Creed Odyssey offre un contenu titanesque. Vraiment. On peut ainsi sans exagérer parler de quatre jeux en un. En dehors de la quête principale qui vous occupera plusieurs dizaines d’heures, vous aurez aussi l’occasion, comme ce qui constituait le cœur de l’épisode Black Flag et ses pirates, de naviguer en haute mer et d’affronter à coups de flèche d’autres navires et de les accoster dans un second temps pour tuer son équipage et piller ses trésors. Odyssey vous entraînera aussi dans une lutte constante face à d’autres mercenaires de niveaux variés selon la prime qui est placée sur votre tête.
Cet aspect se montre très intéressant et n’est pas sans rappeler les étoiles dans un GTA et les forces mises en place pour vous arrêter. Vous pourrez ici aussi soit la jouer fugitif et tâcher de vous faire oublier le temps que votre prime soit annulée, soit y aller en frontal et empaler du mercenaire en série avec votre lance. Le jeu vous amènera aussi, comme évoqué plus haut, dans une chasse fantastique aux créatures bien connues du Panthéon grec. Si cette partie peut s’avérer totalement optionnelle, elle s’avérera relativement profonde si vous y mettez les moyens. Enfin, cet Assassin’s Creed vous impliquera dans une traque sans merci face à un certain Culte dont vous devrez éliminer les membres.
Chaque partie évoquée ici peut prendre sans la jouer marseillaise des dizaines d’heures chacune. Si vous êtes fortiche en calcul, vous aurez donc deviné que le jeu a la capacité de vous couper de tout contact social et de vous embarquer dans une faille spatio-temporelle de plus de 100 heures, voire 200 heures. Oui, vraiment. Rares sont les AAA vendus à 70 euros qui me font dire ça, mais là, on en a pour notre argent au moins. Qui plus est, avec un scénario certes imparfait (surtout sur la fin) mais dont la narration force le respect avec l’ensemble de ses ramifications et la capacité des scénaristes à renforcer les trames principales du jeu avec des quêtes annexes qui auraient pu être complètement anecdotiques, on se retrouve là devant un jeu aussi épique que les aventures de votre Alexios/Kassandra. Pour ma part, je vais devoir me replonger dans cette univers et probablement rattraper mon retard en enchaînant avec Origins !
Le verdict
Assassin's Creed Odyssey
Telles les aventures d'Ulysse, votre odyssée vaudra la peine d'être jouée, si et seulement si vous avez l'occasion d'y consacrer du temps. Car Assassin's Creed Odyssey est un titre au contenu aussi titanesque que certains de ses ennemis et qui montre les efforts que même un Hercule pourrait louer réalisés par UbiSoft pour proposer un titre complet. Scénario solide, durée de vie énorme, beautés visuelle et sonore, gameplayCorrespond à la façon dont un jeu se pratique. Ce terme désigne l'ensemble des interactions entre le joueur et son... juste... Nous avons affaire ici à un titre marquant !
Qualités
- Une durée de vie incroyable
- La richesse de l'aventure proposée
- Des paysages somptueux
- Un gameplayCorrespond à la façon dont un jeu se pratique. Ce terme désigne l'ensemble des interactions entre le joueur et son... intelligent et varié
Défauts
- Une ergonomie dans les menus parfois bizarre